Grâce à la pratique du Yoga, nous faisons l’expérience d’une série de transformations progressives dans la qualité de l’esprit. Nous ne sommes pas constitués d’esprits différents. Le même esprit passe par un changement. Cela se produit au cours d’une simple séance, mais aussi au cours de plusieurs années.
Hṛdaya signifie littéralement le cœur. Mais on ne parle pas ici du cœur physique. On pourrait dire qu’il s’agit du mental quand le système nerveux parasympathique est dominant. C’est le mental qui a baissé sa garde. Alors une intelligence plus profonde commence à fonctionner. C’est là que la véritable écoute se produit. Hrdaya est l’endroit où la bienveillance, la gentillesse, la compréhension, l’amour sans choix, la compassion et la paix sont ressentis et vécus. Seul l’esprit Hṛdaya est capable d’être en totale connexion. C’est pourquoi nous sommes tellement absorbés par ce que nous faisons quand nous « aimons » le faire. Nous sommes capables de nous connecter.
Hṛdaya est l’endroit où le dharana se produit, c’est-à-dire que l’esprit est libéré de la dérive et de l’errance. Dans cet état de dharana, vrtti nirodhah (la cessation des mouvements de l’esprit) s’est produit. La qualité des esprits qui suivent sont des esprits yogiques. Une fois que nous revenons à notre cœur-esprit, presque toutes les transformations sont possibles.
La frontière entre l’esprit externe (l’esprit de survie et d’instinct) et l’esprit interne (l’esprit de réflexion et d’intuition) est la peur. La survie dans son essence a besoin à la fois de peur et de désir. Sans peur et sans désir, il ne peut y avoir de survie.
Par quelque moyen ou quelque chemin que l’on choisisse, la guérison du cœur ne devient possible qu’en s’autorisant à être ouvert et vulnérable. Ce qui signifie que Buddhi (esprit rationnel), Ahaṁkāra (je) et Manas (esprit sensuel) se sont transformés en Sattva Guna (état détendu), révélant d’abord le Hṛdaya (le cœur), qui se transforme organiquement en états d’esprit plus sensibles et fluides.
Le yoga commence dans le cœur. Ce n’est que lorsque notre cœur est atteint et touché que le processus intérieur commence. C’est pourquoi dès le premier jour nous commençons à baisser la tête vers le cœur, la poitrine. Alors le Yoga se révèle à celui qui est prêt à être vulnérable dans la stabilité, de sorte que cette ligne, cette peur, qui maintient l’esprit extérieur, soit franchie. La peur est une rivière. D’un côté de la rivière, se trouve la survie. De l’autre, la liberté de penser clairement et d’être libre dans son cœur, d’aller au-delà de la survie, de faire l’expérience de l’amour.
Le chagrin, la peine est de nature tamasique (lourde) et nous empêche de traverser cette rivière. La bienveillance, la joie et le contentement ont un effet sattvique sur l’esprit qui apporte la légèreté. Cette ligne entre le mental externe et le mental interne que nous appelons la peur devient de plus en plus épaisse avec le chagrin. De véritables murs sont construits. Les esprits intérieurs se referment. Le chagrin nous pèse, et se fait sentir dans notre région abdominale. Les organes deviennent lourds.
C’est pourquoi Patanjali dit que la pratique des asanas consiste à trouver le sthiram (stabilité) et le sukham (agrément, légèreté). Quand on est léger, on sera intéressé à regarder plus profondément dans son propre cœur. Bien que le bonheur ne soit pas vraiment le but, c’est un tremplin vers la liberté. Un esprit traumatisé, blessé, attristé et fatigué doit d’abord être allégé. Le fardeau doit être abandonné. C’est pourquoi Patanjali introduit le Kriya Yoga pour trouver la stabilité et le vrai bonheur. Cette stabilité et ce bonheur se manifestent par la légèreté de l’esprit et du corps. Cette légèreté commence le processus de guérison du cœur.