Chaque pensée utilise de l’énergie. On dit que 70 % des pensées que nous avons pendant la journée concernent des choses que nous ne pouvons ni contrôler ni changer. On dit aussi que ces pensées sont non seulement futiles, mais aussi négatives, et affectent directement notre vitalité et vibration. Que se passerait-il si nous parvenions à libérer ces 70 % d’espace dans notre cerveau ?
Ce n’est pas en pensant à penser que l’on peut créer de l’espace. Penser à réduire les pensées, c’est ajouter une autre pensée. Lorsque l’esprit prête attention à autre chose que ses propres créations, nées de l’imagination, quelque chose se produit. Que se passe-t-il lorsque vous voyez un cerf charismatique dans les bois avec une poitrine large et bombée et de grands bois ? Que se passe-t-il lorsque vous vous tenez devant le soleil orange ? Que se passe-t-il lorsque vous entendez le son d’une flûte, qui s’élève quelque part au loin ? Le kala chakra, la roue du temps, s’immobilise.
Là où il y a de l’attention, il y a de l’amour. Cette expérience n’est pas une émotion. Il y a un état de « non-moi ». Pour arriver à cet état, il ne peut y avoir aucun effort du mental. S’il y en a, il se coince dans sa propre roue. La roue continue alors de tourner. C’est pourquoi le yoga n’est pas une expression d’émotion. C’est la purge des émotions. L’esprit est fait pour lâcher prise sur ses propres créations. Nous ne pouvons pas voir la Terre en rotation, en étant sur la Terre. Nous devons voler dans l’espace. De même, nous ne pouvons pas voir les rotations de l’esprit, les vrttis, car nous sommes pris dans le mouvement de l’esprit. Nous devons voler dans « l’espace intérieur ». Ce n’est pas une évasion comme beaucoup de gens le pensent. La raison pour laquelle ils pensent que c’est une évasion est qu’ils y pensent encore. S’ils en font l’expérience, ils n’y penseront pas. On goûte alors à ce que signifie être léger, libre et vivant.
Lorsque l’esprit est arrivé à cet état de tranquillité, il se rend compte qu’il est immobile et commence à faire des efforts pour garder le calme. La tranquillité ne peut pas être retenue par l’esprit. Il doit prendre conscience, encore et encore, de ses efforts futiles pour maintenir la tranquillité. Quand il a enfin compris, alors il ne fait plus d’effort.
Dans les asanas, l’attention de l’esprit tombe dans l’incarnation. Ensuite, l’esprit est attelé au corps. Ce joug, ce lien se fait à l’aide de la respiration. Les actions deviennent l’ancre de l’esprit. Le corps demande l’attention de l’esprit comme un enfant demande celle de ses parents.
Un être humain souffre parce qu’il n’est pas capable de voir au-delà de lui-même. Lorsque le kala chakra, l’écoulement du temps, s’immobilise pour la première fois et que l’esprit réalise la beauté du silence, l’ultime souffrance humaine commence. La quête de l’union avec l’infini. La quête pour revenir à l’état d’Ananda (joie, félicité) que nous connaissions déjà enfant, mais que nous avions oublié. Pourtant, si cette beauté ne se produit pas, l’esprit se consume et la vitalité du corps et toutes les énergies de la vie sont gaspillées. Si cette tranquillité ne se produit pas, la vie devient sèche et douloureuse. Cette tranquillité est la source de la vie.